Le langage, lieu de prédilection, s’il en existe, du psychanalyste à l’écoute de la parole… parce que, grâce à elle, ‘’ça parle’’. Et ‘’ça parle’’ à lui, l’analysant, par le biais du transfert opéré sur l’analyste. Par le langage ainsi fait de paroles, de silences, de non-dits, par le choix – si l’on peut parler ici d’un choix – et la formulation des mots, l’homme peut se faire entendre dans tous les sens de ce terme. Ecoutée et entendue, la parole peut soulager l’inconscient. Elle reste l’outil le plus sûr au mieux-être, ainsi : Parler, c’est se faire entendre des Autres, prouver son existence. C’est laisser s’exprimer l’Autre, celui qui est en nous, que l’on n’entend pas, ou si mal… et c’est alors renaître. C’est agir, donc prouver le désir de vie. C’est échanger avec les Autres en utilisant l’espace du silence, c’est s’autoriser.
Parler, c’est ne pas rester « interdit », ne pas bloquer les « maux », ceux qui ont le pouvoir de diminuer, voire d’enlever tout langage, toute expression de vie. Parler, c’est – et ce me semble là, le plus bel acte – s’adresser à l’enfant qui découvre ainsi qu’il existe en tant qu’individu, c’est lui donner la parole ou encore : s’adresser à l’élève en soif de devenir, car parler, c’est avant tout « transmettre ».
Comment l’enfant, cet adulte en devenir, connaît-t-il ce sentiment, en particulier au moment de sa confrontation avec les premiers interdits? Comment, avec le sentiment de culpabilité, se ‘’prépare le terrain’’ de la névrose…
« Les enfants sont plus intelligents que les adultes ; c’est la civilisation qui rend les gens bêtes… »
La névrose entraîne un état marginalisant l’individu dans la mesure où elle renvoie celui-ci à ses fantasmes, élaborés dès le plus jeune âge dans son monde imaginaire intime, pour fuir la réalité trop difficile à vivre. Pour cette raison, la névrose rend l’être asocial. Si la civilisation est le phénomène dû à la rencontre des êtres – réunis par un choix de vie commun établi sur le respect de certaines règles et guidés par le désir de construire ensemble leur évolution dans le monde du concret – la névrose est cet autre phénomène qui repli un être sur lui-même. Le névrosé fuit la réalité, par cet acte, il se marginalise et ne prend pas part entière à la progression de la société.
Si l’approche historique de la notion de morale amène à la constatation d’un passé prédisposant l’homme au sentiment de culpabilité – celui dont S. Freud nous dit qu’il préexiste au surmoi – c’est bien ici de conscience coupable dont il sera question, c’est à dire d’un sentiment de culpabilité naissant chez l’enfant lors de la mise en place du surmoi – les interdits castrateurs occasionnent souvent un sentiment de honte chez l’enfant qui se vit coupable de pulsions inavouables – ainsi que, de la culpabilité qui apparaît plus tôt, dès les premiers mois du bébé qui subit la réalité, selon la conception kleinienne.
La « conscience morale » : Ces deux termes réunis sous-entendent qu’il y a une morale à l’état conscient, que nous avons clairement à l’esprit, une idée de ce qui est ‘’bien’’ ou de ce qui est ‘’mal’’. Cette idée est née de ce que nous avons assimilé des interdits posés, elle nous permet de réagir spontanément en apportant un jugement. Cette idée du bien et du mal sera intime à chacun, ce qui semble moral pour l’un ne l’étant pas pour un autre etc… La conscience morale en bloquant certains désirs de façon préétablie, donne une ligne de conduite unique et personnelle, (car elle sous-entend : approbation ou aversion des actes en fonction du surmoi et du vécu de chacun) c’est pourtant bien elle qui va servir de base à l’éducation de l’enfant.  La suite de cette étude vous sera proposée très prochainement…